29 juin 2023
Actualité
- Etudes Cliniques
Avec un financement HORIZON-HLTH-2022-11-01 et sous l'égide d'INNOVTE, le Professeur Francis Couturaud conduira au CHU de Brest un projet international dans lequel collaboreront 8 pays. Ce projet se nomme MORPHEUS: AMéliORation du Pronostic de la maladie tHrombo-Embolique veineUSe non provoquée au moyen d’un traitement anticoagulant personnalisé.
La maladie veineuse thrombo-embolique (MVTE), incluant la thrombose veineuse profonde et l’embolie pulmonaire, constitue un enjeu majeur de santé publique compte-tenu de sa fréquence (incidence annuelle 1/1000 habitants) et de sa gravité (mortalité de 10% à 3 mois, 3ème cause de mortalité cardiovasculaire). Dans plus de la moitié des cas, la MVTE survient en l’absence de toute cause détectable (MVTE dite « non provoquée »). Le pronostic de ces patients est particulièrement sombre pour les raisons suivantes: (1) malgré le traitement anticoagulant, 30% des patients développent précocement des séquelles chroniques invalidantes et irréversibles par défaut de résorption du caillot veineux; (2) après arrêt des anticoagulants, 40% développent une récidive, mortelle dans 10% des cas. Ainsi, les consensus internationaux recommandent de poursuivre le traitement anticoagulant indéfiniment. Toutefois, l’application de cette recommandation expose 60% des patients qui ne récidiveront pas à un risque hémorragique non justifié (5% d’hémorragies graves/an, mortelles dans 20% des cas) et n’a pas d’impact sur le risque de séquelles.
Afin d’améliorer le pronostic de la MVTE non provoquée, un des enjeux majeurs aujourd’hui est d’optimiser la durée et les modalités du traitement anticoagulant au-delà des 3 premiers mois de traitement. Cette optimisation des traitements requière l’identification de biomarqueurs performants et discriminants permettant de prédire le risque de récidive après arrêt de traitement et le risque hémorragique induit par les anticoagulants. Ces biomarqueurs doivent s’adapter à l’évolution des caractéristiques cliniques du patient, la MVTE étant une pathologie temps dépendante (âge, interactions médicamenteuses, comorbidités). La combinaison des données issues de la recherche clinique et translationnelle et des données de vraie vie est nécessaire pour appréhender le caractère évolutif des caractéristiques d’un patient donné (médecine personnalisée). Enfin, la prise en compte des marqueurs socio-économiques et liés aux préférences des patients est essentielle (médecine centrée sur le patient). A ce jour, de tels biomarqueurs et marqueurs sociaux ne sont pas disponibles.
Le projet MORPHEUS est un programme international de recherche translationnelle retenu et financé par l’appel d’offre européen HORIZON-HLTH-2022-TOOL-11-01. Ce programme est coordonné par la France (CHU Brest, INNOVTE, Inserm). Ce programme regroupe toutes les disciplines scientifiques et il implique 8 pays européens : France, Hollande, Espagne, Allemagne, Suisse, Pologne, Suède et Danemark.
Sur la base d’approches quantitatives et qualitatives, le projet MORPHEUS va combiner pour la première fois des biomarqueurs cliniques, biologiques et morphologiques (médecine de précision) et des marqueurs socio-anthropologiques (médecine personnalisée) dans un outil de prédiction de risque intégré à une processus de décision médicale partagée afin d’aider à la décision thérapeutique (durée et modalités de traitement). L’objectif est ainsi de valider un outil temps-dépendant, multi-niveau intégré à un processus de décision médicale partagée pour optimiser le traitement au long cours de la MVTE non provoquée. Il s’agit d’un projet innovant de rupture aux interfaces entre les disciplines cliniques et scientifiques susceptible d’avoir des implications scientifiques, de santé publique, économiques et sociétales majeures.